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Le fléau de l’esclavage moderne

Dernière mise à jour : 21 mars 2021

Le mot « esclavage » est aujourd’hui incroyablement chargé. Bien trop souvent il a été associé au passé, à des temps archaïques, où les droits de l’Homme n’étaient pas encore universellement répandus. Mais peut-on réellement affirmer avec certitude que ce manque de considération pour la vie humaine appartient à une ère révolue ? C’est en effet avec une confiance naïve, que l’on a pu se convaincre en Occident que le trafic, ou l’exploitation de l’être humain étaient désormais proscrits. Et pourtant les scandales n’ont cessé de défiler dans les médias. Cessons alors de nous référer au passé. Ce fléau se répand bel et bien à notre époque. Il convient pour cela de s’interroger sur les diverses formes que peuvent prendre l’esclavage dans notre monde actuel.



Si les trafics d’êtres humains sont majoritairement maintenus dans l’obscurité, les plus flagrants prospèrent dans les zones de conflits. En réalité les villages et les foyers déchirés par la guerre génèrent un tel chaos, que derrière les millions de migrants en détresse, l’ombre de l’esclavage ne cesse de s’agrandir. Les dérives en sont alors multiples.


Les racines du trafic d’êtres humains sont particulièrement profondes sur le continent africain. Une étude de la fondation australienne Walk Free a estimé que sur les 50 pays où le taux d’esclavage était le plus élevé dans le monde, 38 se situaient en Afrique subsaharienne. Ce taux s’élève jusqu’à 4% de la population en Mauritanie. En Afrique du nord et au Moyen Orient, ce sont notamment les mariages forcés, ou la détention et prostitution de femmes, qui prolifèrent. Similairement, le réseau terroriste de Daech ne cesse de repousser les limites de la brutalité en Syrie, en organisant de manière quasi doctrinaire l’esclavage sexuel.


L’Europe est quant a elle loin d’être étrangère à ces pratiques. Les récits de femmes recueillies dans leurs villages éclatés par les conflits armés, pour être par la suite privées de leurs libertés une fois séquestrées en Europe, ne peuvent plus être érigées à de simples exceptions.


Par ailleurs, il ne faut pas négliger le fait que plus de la moitié des individus touchés par une forme d’esclavage moderne, sont des femmes et des très jeunes filles (environ 58%). Les 2èmes victimes les plus touchées étant les enfants (25%).


Cependant s’il nous a été possible d’admettre, parfois difficilement, que des formes de traite humaine proches de celles qui ont taché les livres d’histoire, prospéraient encore à notre époque, il en reste que des formes plus insidieuses ont vu le jour avec la mondialisation. En effet, il est aujourd’hui bien plus fréquent pour des géants commerciaux de dissimuler l’assujettissement de leur « main d’œuvre », sous le masque d’un travail choisi, et du versement d’un salaire. Cela est facilité par le fait qu’une écrasante majorité des pays du globe n’ont pas vu la nécessité de s’encombrer de législations sur la protection des droits de l’Homme. Quel serait bien leur intérêt à se démener à les mettre en place, si l’esclavage est associé à une tare du passé ?


Une dimension parfois difficilement saisissable de l’esclavage moderne réside, comme mentionné précédemment, dans l’exploitation de travailleurs. Cette façade de liberté de la main d’œuvre, accompagnée d’une négation de ses droits fondamentaux, est communément pratiquée par les géants de la mode. Ces entreprises multinationales, qui font partie intégrante des plus grandes industries au monde, exploitent impunément leurs travailleurs. Leurs modèles reposent sur celui du « fast fashion ». Il s’agit d’une production à la chaîne de vêtements bon marché, conçus de manière incroyablement rapide, et ce dans des conditions effroyables, afin de constamment proposer de nouvelles tendances. Si les médias ont parfois couvert les scandales d’usines aux dimensions démesurées, dans lesquelles des travailleurs étaient agglutinés pendant des journées qui n’en finissaient pas, ces industries se sont rapidement rétablies. Il leur a souvent suffit d’ignorer les plaintes, ou alors de rappeler que des salaires étaient versés.


Un exemple plus extrême encore, et malheureusement très actuel, peut être associé à la population Ouïghours qui est, aujourd’hui encore, contrainte à travailler sous le joug d’entreprises multinationales sur le territoire chinois. Cette minorité musulmane a été faite en grande partie prisonnière par les autorités chinoises dans la région de Xinjiang. Ces dizaines de milliers d’individus ont par la suite été transférés dans des usines appartenant à de nombreuses firmes. Pour n’en citer que certaines, Google, Apple, Amazon et Nike ont toutes profité, et profitent encore, du travail forcé d’une population en détresse. La majorité de ces entreprises ont d’ailleurs ouvertement refusé de mettre fin à l’utilisation de ces « camps de travail », si l’on se permet de réutiliser cette expression qui a marquée l’histoire. Face à cette violation ultime des droits fondamentaux, qui repousse encore plus loin les atrocités que les Hommes peuvent s’infliger les uns aux autres, il ne nous reste que le boycott. Il revient à nous de refuser de financer ces colosses.



L’esclavage est donc bien une réalité dans notre monde que l’on qualifie, peut-être à tort, de moderne. Si ces manifestations ont pu ressembler à celles du passé, avec les flots de trafic d’humains qui ne se tarissent pas, il ne faut pas pour autant laisser sous silence les mutations plus récentes que l’esclavage a pris. L’exploitation de travailleurs dans des « sweatshops » est en effet une forme bien plus insidieuse de contrôle et de privation des droits de l’Homme.


Source chiffrée : rapport « Les estimations mondiales de l’esclavage moderne », à Genève en 2017.



Article rédigé par Emma Moyon

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