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QUAND LA JEUNESSE S’ENGAGE : LE PARCOURS DE NOOR YASSINE, 17 ANS, ET FONDATRICE D’UNE ASSOCIATION

Dernière mise à jour : 21 janv. 2022



La jeunesse représente, depuis les années 1990, un socle solide et stable de l’engagement associatif. En 2018, 36% des 18 – 24 ans disaient faire partie d’une association. Les jeunes ont effectivement une réelle volonté d’aider les personnes les plus démunis et dans le besoin. Cependant, l’expérience montre que de nombreux jeunes ne savent pas comment se lancer, ou alors peuvent avoir peur de l’importance que pourrait représenter le fait de s’engager dans une association.

Quelle structure rejoindre ? Cela va-t-il prendre trop de temps ? Suis-je assez motivé(e) ?... Ce sont toutes les questions qu’un jeune peut se poser avant de s’engager, et qui peuvent éventuellement le décourager. Mais, ma rencontre avec Noor Yassine, fondatrice de l’association Comme Mandela en 2018, m’a permis de comprendre l’importance que représente le fait de s’engager. À seulement 17 ans, Noor Yassine gère déjà une structure qui a pour but d’aider les enfants orphelins de Côte d’Ivoire. Elle est un réel modèle de courage et de persévérance. Cette entrevue vous permettra d’en savoir plus sur elle et sur son parcours.


Peux-tu te présenter ?

Bonjour, je m’appelle Noor Yassine, j’ai 17 ans. Je vis à Abidjan, je suis née là-bas. J’ai créé mon association à 14 ans, j’ai eu l’idée seule. Je suis née entourée de personnes qui ont toujours eu le cœur sur la main, et ça m’a beaucoup inspirée pour construire ce projet d’association. Je suis une personne qui est très famille, et j’adore les enfants : c’est d’ailleurs ce qui explique le fait que mon association aide les enfants.

J’ai trois grandes figures qui m’inspirent et me servent de modèles : Nelson Mandela, mère Thérèsa et Michelle Obama.


A-t-il été difficile de créer une association ?

En réalité, comme j’ai créé ma structure à 14 ans, je ne voyais pas les difficultés concrètes qui étaient liées au fait de créer une association. Moi, je ne voyais que le but final, qui était d’aider les enfants.

Je peux te raconter exactement comment ça s’est passé. J’étais au restaurant avec mes parents et un ami de mon père. On était fin novembre – début décembre, et j’ai dit à ma mère : « Maman, j’ai envie de faire des dons ». Ma mère m’a répondu que c’était une très bonne idée, mais qu’il fallait que je me concentre sur mon brevet. Or, pour moi, cela n’avait rien à voir, et je lui ai dit que je voulais absolument le faire. Ensuite, on n’en a plus reparlé jusqu’à ce que je publie une annonce pour demander les dons.

Le 23 décembre 2018, je suis entrée en contact avec l’administration de l’orphelinat Une enfance meurtrie sans frontière, à Grand Bassam. Je leur ai expliqué que je voulais aider leur orphelinat. Au début, mon âge choquait beaucoup. Alors, on s’est mis à discuter de ce projet : ils voulaient savoir si c’était quelque chose que je voulais faire toute ma vie, si je comptais aller plus loin… Puis ils se sont rendu compte que j’avais une réelle volonté d’aider. On a alors signé des papiers et maintenant, je suis ambassadrice de cet orphelinat depuis 4 ans.

Quelques mois plus tard, j’ai créé ma propre ONG (Organisation Non Gouvernementale). J’ai eu du mal à trouver le nom qui me correspondait. Je l’avais d’abord appelée Pour un sourire. Mais je me suis rendu compte que ce n’était pas en accord avec ma personne, et enfin, j’ai eu une sorte de révélation lorsque j’ai trouvé le nom Comme Mandela (qui est le nom actuel de l’association). J’ai choisi ce nom car, comme je l’ai dit, Nelson Mandela est une figure très inspirante pour moi, mais surtout pour la communauté noire dans laquelle et pour laquelle je travaille.

Or, comme je n’avais pas encore 18 ans, et que je n’ai toujours pas 18 ans, je ne suis pour l'instant pas reconnue par l'Etat. Mais cela va changer en février. Donc les complications ne sont pas encore là. Pour l’instant, c’est un petit cocon car je n’ai pas encore à gérer une ONG. Il faut savoir que ce n’est pas si dur que cela de créer une structure comme celle que j’ai créée, mais cela représente beaucoup de charges et de responsabilités. Dans mon cas, je récolte des dons, qu’ils soient matériels ou financiers, grâce à des bénévoles. Les dons financiers sont importants pour l’association car ils permettent d’aller plus loin et de construire des projets plus grands, comme par exemple ramener le père Noël, organiser des feux d’artifices… Je ne donne jamais les dons financiers tels quels à l’orphelinat, je préfère moi-même dépenser l’argent et la distribuer sous forme matérielle, car au moins je suis sûre de savoir ce que devient cet argent.


Concrètement, quel est le but de ton association Comme Mandela ?

Mon objectif est de redonner le sourire aux enfants les plus démunis, les orphelins. Je veux qu’ils se sentent comme tous les autres. Ainsi, je fais des dons aux orphelinats et j’organise des visites. Chaque année, une date est fixée, en général le 22 ou le 23 décembre, à laquelle on (les bénévoles de l’association) se rassemblent tous. La première année, donc en 2018, j’étais toute seule car la structure venait d’être créée ; mais, depuis, de plus en plus de personnes se joignent à l’aventure et participent. Durant cette journée, tout ce qu’on fait avec et pour les enfants est filmé, bien évidemment avec l’autorisation de l’administration de l’orphelinat. C’est important pour moi, car ça permet de montrer que c’est réel : les dons que font les bénévoles servent concrètement aux enfants, que ce soient des rideaux ou des assiettes. Ce projet prend de plus en plus d’ampleur, et très récemment, on a eu la chance d’avoir un don de la première dame. J’ai été très surprise, mais très contente aussi, car cela prouve que ça fonctionne.


Qu’est-ce qui a été le plus déterminant pour toi ?

Je dirais que c’est quelque chose qui est très personnel, qui se ressent. Ma famille n’a pas forcément été le plus déterminant. Depuis que je suis toute petite, j’ai ce rêve-là, personne ne m’a jamais forcée à faire ça. Evidemment, je pense que le fait de vivre en Afrique a été très important.


Tout à l’heure, tu as parlé de trois personnes qui t’inspiraient, en quoi t’inspirent-elles ?

Mandela m’inspire par son parcours, c’est un homme qui n’a jamais lâché. Il s’est battu corps et âme pour la communauté noire. Etant née en Afrique, cela me touche beaucoup. C’est une figure très importante pour moi et pour toute la communauté noire. C’est quelqu’un qui avait le cœur sur la main et qui voulait aider les personnes qui étaient dans le besoin.

Mère Thérèsa, elle, a aidé les personnes dans le besoin. Elle a un côté maternel qui est très inspirant et l’image qu’elle donne est très intéressante.

Michelle Obama a un parcours vis-à-vis des femmes très beau. C’est une féministe, mais pas dans l’extrême. Je suis d’accord avec les causes et les valeurs qu’elle défend. Elle et mère Thérèsa sont deux femmes qui ont dû avoir beaucoup de courage pour se comporter ainsi.


Qu’est-ce que tu conseillerais à des gens qui aimeraient se lancer et aider, mais qui ne savent pas par où commencer ?


Personnellement, je ne savais pas comment ça allait se passer. Attention, je ne dis pas qu’il faut se lancer comme ça, sans y réfléchir ; il est extrêmement important d’avoir un soutien. Personnellement, mes parents ont toujours été là et m’ont soutenue, malgré le fait que j’étais encore petite. Aider, c’est la chose la plus belle au monde, tendre la main est incroyable. Vivez votre rêve et ne regardez jamais derrière vous. Si vous avez ça en tête, allez-y.

Si je peux partager quelque chose, c’est que pour créer une association, il faut de la patience, beaucoup de patience. Ça ne va pas nécessairement marcher du premier coup, il faut avoir une visibilité. Personnellement, j’étais encore à l’école, et donc il faut savoir faire la part des choses. Mais c’est une aventure magnifique : c’est un début et une fin magnifique. Je vous conseille de le faire, de vous lancer. Il faut se rappeler qu’on ne fait pas ça pour gagner de l’argent, car ce n’est pas rémunéré. C’est magnifique. En tout cas, pour toutes les personnes qui le font avec le cœur.


Ce témoignage souligne l’importance personnelle mais aussi collective que représente le fait, pour des jeunes, de donner de leur temps et de s’engager dans une association et de manière bénévole, et c’est pour cela qu’il nous a paru intéressant de le rédiger.


Sources :

https://www.mediametrie.fr/fr/jeunes-et-benevolat-lenvie-detre-utile





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